La compétitivité d’une entreprise se mesure aujourd’hui à sa capacité d’innover et de bousculer son marché.

En tant que clé de voûte et gardienne des systèmes de l’entreprise, la DSI est plus que jamais légitime à porter un projet d’intelligence et d’innovation collectives.

L’économie digitale est sans aucun doute celle de l’instantanéité et de l’ubiquité : les consommateurs veulent tout, tout de suite et partout. Rendue notamment possible par les progrès technologiques en général, et informatiques en particulier, cette transformation des modes de consommation s’est naturellement accompagnée d’un raccourcissement des cycles économiques, où vitesse d’exécution et capacité d’innovation sont devenues des vertus cardinales pour les entreprises en quête de compétitivité. Il s’agit d’être capable d’innover rapidement, voire proactivement, pour anticiper les attentes de consommateurs de plus en plus exigeants et versatiles.

Dans ce contexte, la DSI a un rôle essentiel à jouer. Véritable clé de voûte des organisations, elle peut (doit ?) également être le moteur d’une intelligence collective mise au service d’une démarche structurelle d’innovation et de disruption.

Stabilité VS prise de risque : relever le défi de l’innovation pour la DSI

Qu’elle prenne la forme d’améliorations continues ou d’une approche plus disruptive, l’innovation se caractérise par un phénomène de transformation issue d’une prise de risque. Qu’il s’agisse de transformer des processus pour les rendre plus agiles, une organisation pour la rendre plus collaborative, ou une idée pour en faire un nouveau produit, la notion-même d’innovation implique pour les acteurs de l’entreprise de sortir de leur zone de confort pour explorer d’autres possibilités.

Or, une entreprise cherche par nature à se stabiliser, à fiabiliser et consolider ses systèmes. C’est même le cœur de la mission de la DSI, à qui revient la responsabilité de sécuriser son environnement technique et applicatif. Ses obligations de prévisibilité et de stabilité s’opposent ainsi à la nécessaire prise de risque induite par une démarche d’innovation, qui demande de prendre du recul par rapport au fonctionnement et à la production d’une organisation.

Prises en étau entre ces deux contradictions, les entreprises en général, et les DSI en particulier, ont davantage tendance à opter pour une démarche d’évolution plutôt que d’innovation. Or, c’est la nature disruptive des innovations qui en crée la véritable valeur ajoutée. Les entreprises doivent donc aujourd’hui trouver le moyen de laisser à leurs ressources créatives le temps et l’espace de s’exprimer, pour en exploiter tout le potentiel d’innovation et de croissance.

La DSI au cœur des dispositifs de management de l’innovation

Manager l’innovation en entreprise requiert d’abord d’offrir à ses collaborateurs une environnement favorisant une dynamique de créativité collective, affranchie de toute contrainte ou pression de résultats. Et de leur permettre ensuite de confronter leurs idées aux réalités réglementaires, financières ou encore techniques, afin d’en évaluer la viabilité et le potentiel d’industrialisation.

C’est la vocation des fameux FabLab, ces laboratoires d’expérimentation collective dont nombres de grands groupes disposent déjà. Conçus autour des notions d’accessibilité, d’ouverture, de design thinking ou encore d’émulation créative, ces FabLabs constituent des viviers d’innovation extrêmement profitables pour les entreprises, tant en termes d’image que d’opportunités commerciales à court, moyen et long termes.

Et c’est justement là que la DSI a un rôle clé à jouer. D’abord pour mettre en œuvre l’infrastructure : trouver le ou les lieux physiques, déployer les applications IT et les plateformes collaboratives nécessaires, ou encore les solutions de communication adéquates. Ensuite, la DSI intervient comme un interlocuteur privilégié dans la phase de confrontation et d’évaluation d’un concept, en apportant son expertise sur les questions relatives par exemple à la viabilité technique d’un projet ou encore à la cyber-sécurité. Enfin, lorsque le projet entre en phase d’incubation, la DSI peut apporter son expérience en matière d’industrialisation et de pérennité des modèles, tout en étant la pierre angulaire des processus d’intégration à l’environnement de l’entreprise.

La DSI se situe aujourd’hui à la croisée d’une attente forte en matière de sécurité et de fiabilité de la part de l’entreprise, et d’un espoir d’innovation et de progrès du fait des outils qu’elle manipule. L’enjeu étant que cette tension soit productrice d’une attitude créatrice et non pas d’un stress négatif et paralysant. En ce sens, la DSI a toute légitimité à se positionner comme un véritable moteur, voire accélérateur de l’innovation. Elle doit pour cela adresser les enjeux du management de l’innovation, qui s’articulent autour de trois piliers fondamentaux : capter les courants d’innovation, transformer les vraies inventions en vraies innovations, et en mesurer les bénéfices et les impacts.